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Y a-t-il un moment optimal dans la journée pour faire de l’exercice quand on vit avec le diabète de type 1?

L’activité physique peut être un outil puissant pour améliorer la qualité de vie et le bien-être en général. Cependant, si vous vivez – ou si votre enfant vit – avec le diabète de type 1 (DT1), cette activité peut complexifier la gestion de la glycémie et augmenter sa variabilité

Les risques d’hypo et d’hyperglycémie sont en effet plus présents pendant l’activité physique, mais également dans les heures qui suivent. La variation de la glycémie dépend en général de plusieurs facteurs tels que le type d’activité (p. ex. course à pied vs musculation), sa durée, son intensité, le niveau d’insuline active (part de l’insuline qui a été donnée et qui n’a pas terminé son action), la température extérieure, etc. 

De nombreuses stratégies existent toutefois pour faire face à ce risque comme de réduire l’insuline ou de prendre une collation. Mais vous êtes-vous déjà demandé s’il existe un moment plus favorable dans la journée pour faire de l’activité physique avec le DT1? S’il existe un moment qui permettrait de mieux prédire la variation attendue et qui simplifierait donc la gestion requise?

Une brève revue des études scientifiques sur ce sujet a récemment été publiée dans un journal de l’Association américaine du diabète (American Diabetes Association), et fait le point sur la question. Voici les grandes lignes de ce qu’on apprend sur l’impact de l’activité physique en fonction du moment de la journée. 

Matin vs après-midi

Pratiquer des exercices d’endurance (tels que la natation ou le vélo sur surface plane) à jeun le matin plutôt qu’en après-midi pourrait aider à réduire le risque d’hypoglycémie liée à l’activité physique et augmenter le temps passé dans la plage cible. En effet, même sans prendre de repas ou de collation, la glycémie baisse peu.

Si vous préférez les exercices de haute intensité (comme le HIIT [exercice par intervalles] ou les sprints), les réaliser le matin peut entraîner une augmentation plus importante de la glycémie, mais peut aider à réduire le risque d’hypoglycémie après l’entraînement (en particulier pendant la nuit) comparativement à si vous réalisez ces mêmes exercices l’après-midi.

Ces deux observations peuvent s’expliquer par le fait que le niveau de certaines hormones est élevé le matin. C’est le cas du cortisol. Cette hormone est sécrétée pour préparer le corps au réveil, mais est aussi l’hormone de croissance qui garde une action à l’âge adulte. Ce sont également ces hormones qui sont impliquées dans le phénomène de l’aube.

Par ailleurs, si vous effectuez des exercices de résistance (comme la levée de poids) en après-midi, cela peut aider à améliorer la stabilité de la glycémie qui suit l’exercice comparativement au matin où ce type d’activité entraîne souvent une augmentation de la glycémie et une plus grande variabilité.

Avant le repas vs après le repas

Après un repas, la glycémie a naturellement tendance à augmenter. De fait, effectuer un exercice léger ou modéré après celui-ci (comme une marche de 15 à 30 minutes) peut être bénéfique pour aider à faire baisser votre glycémie. Cependant, si cette activité dépasse 30 minutes et que vous n’avez pas réduit la dose d’insuline du repas, le risque d’hypoglycémie augmente rapidement.

Si vous voulez prévenir le risque d’hypoglycémie associé à l’exercice, il peut être préférable de réaliser vos exercices d’endurance avant les repas puisqu’il y a moins d’insuline en action dans le corps à ce moment-là.

Il est cependant important de noter ici que pour les exercices de haute intensité (p. ex. sprints) et de résistance (p. ex. musculation), le risque d’hypoglycémie est généralement plus faible que pour les exercices d’endurance (p. ex. course à pied, vélo), et ce, quel que soit le moment entourant le repas.

Écoutez votre corps : le meilleur moment, c’est le vôtre!

Plusieurs contraintes peuvent dicter le moment disponible pour l’activité physique, notamment vos responsabilités professionnelles et personnelles (p. ex., horaire de travail, gestion de la vie de famille) ou encore de votre « chronotype » personnel, c’est-à-dire votre préférence naturelle à effectuer vos activités le matin ou le soir. Chez les enfants et les adolescents qui vivent avec le DT1, l’activité physique est souvent spontanée et répartie sur l’ensemble de la journée.

Quel que soit le moment choisi pour l’exercice, les lecteurs de la glycémie en continu sont des outils précieux pour comprendre et évaluer l’impact de l’activité physique sur la glycémie. Il est cependant essentiel de se rappeler que le capteur mesure la glycémie dans le liquide interstitiel (sous la peau) et non dans le sang et qu’il est donc toujours un peu en retard par rapport à la glycémie capillaire (au bout du doigt). Comme la glycémie varie plus rapidement lors d’activité physique, le retard est généralement un peu plus important à ce moment-là. Si, par exemple, le capteur indique 4,3 mmol/L avec une flèche de tendance vers le bas lors de votre entraînement, la glycémie dans le sang est certainement déjà plus basse que la valeur affichée. Il faut donc suspendre l’activité et traiter cette hypoglycémie. 

Il est important de garder à l’esprit que chaque personne est différente. Si les études scientifiques peuvent donner des indications générales, le meilleur moment pour faire de l’exercice est celui qui vous convient le mieux. Écoutez votre corps et tenez compte de vos routines, de votre emploi du temps et de vos préférences personnelles. Si vous remarquez des fluctuations de glycémie ou des réactions inhabituelles en fonction du moment de l’exercice, prenez note de ces observations et ajustez votre routine en conséquence.

Si des études scientifiques suggèrent que certains moments (p. ex. le matin à jeun et après les repas) peuvent être à considérer pour profiter des bénéfices de l’activité physique sur la glycémie, il n’y a cependant pas de réponse universelle et il n’y a pas de mauvais moment pour être actif!

Alors, lancez-vous! Essayez différentes approches, soyez attentif à votre corps et trouvez le rythme qui vous convient le mieux. 

 

Références :

  • Riddell, Michael C et al. “Is There an Optimal Time of Day for Exercise? A Commentary on When to Exercise for People Living With Type 1 or Type 2 Diabetes.” Diabetes spectrum : a publication of the American Diabetes Association vol. 36,2 (2023): 146-150. doi:10.2337/dsi22-0017
  • Yardley, Jane E. “Reassessing the evidence: prandial state dictates glycaemic responses to exercise in individuals with type 1 diabetes to a greater extent than intensity.” Diabetologia vol. 65,12 (2022) : 1994-1999. doi:10.1007/s00125-022-05781-8
  • Comment prévenir l’hypoglycémie pendant et après l’activité physique?, Type 1 Better, consulté le 24 juillet 2023, https://type1better.com/fr/comment-prevenir-lhypoglycemie-pendant-et-apres-lactivite-physique/

Écrit par : Sarah Haag, RN., BSc.

Révisé par :

  • Jane Yardley, PhD
  • Rémi Rabasa-Lhoret, MD, PhD
  • Anne-Sophie Brazeau, Dt.P., PhD
  • Sonia Fontaine, Claude Laforest, Aude Bandini, Eve Poirier, Jacques Pelletier, Michel Dostie, patients partenaires du projet BETTER

Révision linguistique réalisée par : Marie-Christine Payette

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