Afin de lutter contre le nombre de cas grandissant de diabète qui touche de façon disproportionnée les peuples autochtones, les Canadiens d’origines africaine et sud-asiatique (dans le cas du diabète de type 2), ainsi que les personnes à faible revenu et à faible niveau d’éducation, un travail est en cours pour établir un cadre national pour le diabète au Canada.
Ce travail fait suite à la loi C-237 qui a été adoptée par le Sénat en 2021, année qui soulignait les 100 ans de la découverte de l’insuline. Cette loi vise à établir pour la première fois une stratégie nationale pour réduire le risque d’apparition de diabète et améliorer sa prise en charge au Canada.
Pourquoi un cadre national?
Ce cadre national pour le diabète vise avant tout à favoriser l’accès à la prévention et aux traitements du diabète afin d’améliorer la santé des personnes à risque de diabète ou vivant avec le diabète au Canada. Il vise également à définir la formation des professionnels de la santé qui participent à la prévention et au traitement du diabète, ainsi qu’à promouvoir la recherche.
Une enquête menée pour établir ce cadre
Avec l’aide des provinces et territoires, d’organisations telles que Diabète Canada, Diabète Québec ou encore la FRDJ, d’organisations autochtones et d’autres intervenants, une enquête a été menée de janvier à mai 2022 pour établir les besoins principaux en lien avec le diabète au Canada.
Des personnes vivant avec le diabète (type 1, type 2 et autres formes plus rares), des professionnels de la santé ainsi que d’autres intervenants ont collaboré et ont participé à des entretiens, des discussions ainsi que des enquêtes en ligne.
Besoins principaux en lien avec le diabète au Canada
Cette enquête, publiée en septembre 2022, a permis d’en savoir plus sur les considérations qui préoccupent les personnes vivant ou ayant un lien avec le diabète au Canada. Voici quelques-uns des principaux thèmes mis en avant lors de l’enquête :
- Inégalités et diabète. Même si la pandémie a ouvert la voie à des soins de santé virtuels qui offrent l’espoir d’améliorer l’accès aux soins au Canada, les inégalités entre les provinces et les territoires concernant l’accès aux soins, aux médicaments (p. ex., les différentes sortes d’insuline), aux dispositifs médicaux (p. ex., pompe à insuline, lecteur de la glycémie en continu), aux aides financières et à l’éducation sur le diabète, ont été soulignées lors de l’enquête. On y retrouve également l’importance d’améliorer la formation des professionnels de la santé sur la lutte contre le racisme et de travailler sur le système de santé pour réduire les inégalités.
- Distinction des types de diabète. Les répondants à l’enquête, en particulier les personnes vivant avec le diabète de type 1 (DT1), ont souligné l’importance de distinguer les différents types de diabète et de reconnaître que les implications (médicales, sociales, financières et psychologiques) diffèrent selon le type de diabète. De fait, l’accès aux traitements et aux technologies devrait tenir compte de ces différences. Les personnes vivant avec le DT1 ont indiqué l’importance d’avoir accès à l’appareil de leur choix et ont souligné l’impact que cela aurait sur leur qualité de vie globale.
- Passer de la stigmatisation et de la honte au soutien. La stigmatisation liée au diabète est largement ressortie lors de l’enquête. Les personnes vivant avec le DT1 ont en effet souligné le sentiment de honte qu’elles ressentent souvent lors des entretiens avec leur équipe de soins par rapport à leur « contrôle » du diabète et leurs résultats. Les participants ont insisté sur le cercle vicieux de la honte et la culpabilité qu’ils peuvent ressentir par rapport avec cette stigmatisation, ce qui nuit à la gestion de la maladie. Dans le futur, les soins devront donc démontrer davantage d’humanité, de flexibilité, d’inclusion, de consultation et de compréhension pour diminuer le jugement et la stigmatisation.
- Des soins accessibles et adaptés. En plus des points déjà cités précédemment, les participants à l’enquête ont insisté sur le fait que le système de soins ne doit pas seulement considérer le coût unitaire, il doit adopter une vision globale et complète des coûts et des avantages (p. ex., la réduction à long terme du risque de complications, l’amélioration de la qualité de vie) dans le remboursement des différents traitements et technologies en lien avec le diabète.
- Recherche, surveillance et données. Les participants ont fait remarquer que la recherche ne devrait pas seulement inclure les personnes vivant avec le diabète. Elle devrait également être guidée par ces dernières afin de tenir compte de leurs besoins et d’y répondre. Dans l’idée de suivre ce modèle, des patients partenaires participent à la plupart des étapes du projet BETTER.
Régulièrement mentionnée lors de l’enquête par les personnes vivant avec le DT1, l’inégalité d’accès au crédit d’impôt a déjà été améliorée depuis cette enquête puisque depuis juin 2022 toutes les personnes vivant avec le DT1 au Canada peuvent désormais obtenir le crédit d’impôt (CIPH) sans exception.
Espérons que ce cadre national et cette enquête, qui ont l’avantage d’établir un état des lieux des besoins et des problématiques liés au diabète, permettent d’apporter des améliorations dans la vie des personnes vivant avec le diabète au Canada.
Références :
- Loi relative au cadre national sur le diabète, sur le site du Gouvernement du Canada, consulté le 21 septembre 2022, https://laws.justice.gc.ca/fra/lois/N-9.1/page-1.html
- Contribuer à l’élaboration d’un cadre sur le diabète au Canada : Résumé de l’engagement des parties prenantes, sur le site du Gouvernement du Canada, consulté le 21 septembre 2022, https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/contribuer-elaboration-cadre-diabete-canada-resume-engagement-parties-prenantes.html

Écrit par: Sarah Haag RN. BSc.
Révisé par:
- Amélie Roy-Fleming Dt.P., EAD, M.Sc.
- Rémi Rabasa-Lhoret, MD, Ph. D.
- Anne-Sophie Brazeau RD, Ph. D.
- Jacques Pelletier, Claude Laforest, Marie-Christine Payette, patients-partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par: Marie-Christine Payette