Depuis la première utilisation de l’insuline à Toronto il y a 100 ans, de multiples découvertes ont transformé le quotidien des personnes qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1).
La mise au point de l’insuline pour le traitement du diabète de type 1 a permis de transformer une maladie mortelle à court-terme en une maladie chronique. Cette découverte a marqué le point de départ de bien d’autres découvertes. Il reste encore beaucoup de progrès à faire mais le quotidien des personnes vivant avec le DT1 à énormément changé depuis la première injection d’insuline reçue par Leonard Thompson le 11 janvier 1922.
L’insuline comme point de départ
Même si l’insuline reste un traitement et non une guérison, l’évolution de sa formulation s’est faite de manière très rapide puisqu’elle est passée d’une origine animale (fabriquée à partir de pancréas de vache ou de porc) à des insulines dites «humaines» fabriquées en laboratoires. On a vu ainsi apparaître plus récemment, les analogues de l’insuline qui ont permis de raccourcir ou de rallonger sa durée d’action afin rendre le traitement plus flexible et de réduire (la plupart du temps) le risque d’hypoglycémie.
Depuis quelques années de nouvelles formulations apparaissent régulièrement visant à perfectionner le mode d’action de l’insuline pour imiter le plus possible la sécrétion naturelle du pancréas. Les dernières étant les insulines basales à très longue durée d’action (TresibaMD, ToujeoMD) qui agissent pendant 30 à 42 heures, ainsi que les insulines ultra-rapides (Fiasp®) qui débutent leur action 4 à 7 minutes après l’injection. Ces nouvelles insulines permettent à la personne qui vit avec le DT1 d’avoir plus de flexibilité en lien avec le moment d’injection, et offrent donc davantage de choix dans les options de traitement.
De nouvelles technologies ne cessent également d’apparaître, visant à diminuer le fardeau que représente la gestion du diabète, tout en améliorant le contrôle de la glycémie.
Voici un résumé de quelques technologies désormais disponibles au Québec qui permettent, dans la majeure partie des cas, d’améliorer la gestion des glycémies.
Les lecteurs de la glycémie en continu.
Permettant de voir l’évolution de la glycémie en temps réel et dans le temps, ces lecteurs constituent une des avancées les plus importantes des dernières années.
Le premier lecteur de la glycémie en continu à été approuvé par Santé Canada en 2014. Actuellement 4 dispositifs sont disponibles: Freestyle libre, Freestyle libre 2, Dexcom G6 et le Guardian. Deux de ces lecteurs, sont couverts par la RAMQ selon certains critères, le Freestyle Libre et depuis le 25 mai, le Dexcom G6.
Les lecteurs de la glycémie en continu fonctionnent grâce à un capteur muni d’une électrode très fine qui s’insère sous la peau, et reste en place pour une durée qui varie de 6 à 14 jours selon le modèle. Ils diminuent ainsi, voire annulent, la nécessité de faire des glycémies en piquant le bout du doigt, et permettent d’obtenir une vision détaillée de la glycémie tout au long de la journée et de la nuit.
Ces lecteurs affichent des flèches de tendance qui permettent de prédire l’évolution de la glycémie à venir dans les prochaines minutes. La plupart offrent la possibilité de recevoir des alertes en fonction de la glycémie afin d’aider l’utilisateur à intervenir pour éviter ou traiter une hypoglycémie ou une hyperglycémie.
De nombreuses études démontrent l’efficacité de ces lecteurs pour réduire l’hypoglycémie, améliorer le contrôle de la glycémie dans le temps (HbA1C), et augmenter la qualité de vie.
Selon les premières données du registre BETTER, environ 70% des adultes et des enfants qui vivent avec le DT1 utilisent ces dispositifs au Québec.
Les pompes à insuline.
Disponibles depuis les années 1980 au Québec, les pompes à insuline permettent de combler les besoins en insuline en utilisant uniquement de l’insuline rapide. Elles administrent l’insuline sous la peau sous forme de microdoses durant toute la journée (débit basal) et sous forme de bolus lors de repas par exemple.
Cette méthode d’administration de l’insuline vise à imiter la sécrétion naturelle du pancréas, mais requiert tout de même des interventions et ajustements de la part de son utilisateur et une mesure de glycémie plusieurs fois par jour.
Les pompes permettent, dans la plupart des cas, d’améliorer la gestion des glycémies mais leurs coûts et le fait de porter en permanence un dispositif médical sont 2 obstacles significatifs à leur adoption plus large. Au Québec il existe un programme gouvernemental qui couvre les frais pour les pompes à insuline à la condition que la pompe ait été débutée avant l’âge de 18 ans.
Selon les premières données du registre BETTER, environ 40% des adultes et des enfants qui vivent avec le DT1 utilisent ce dispositif au Québec.
Les systèmes de boucle fermée hybride.
Approuvé en 2018 au Québec, le premier système de boucle fermée hybride (aussi appelé pancréas artificiel) constitue un pas de plus vers l’automatisation de la pompe à insuline. Les systèmes de boucle fermé hybride sont aujourd’hui disponibles au nombre de 3: Medtronic 670G, Medtronic 770G, et Tandem Control IQ.
Ces systèmes sont constitués d’une pompe à insuline et d’un lecteur de la glycémie en continu qui communiquent entre eux. Grâce à un algorithme, la pompe peut ainsi moduler le débit basal automatiquement en fonction de la glycémie.
Même si l’on appelle ces systèmes “pancréas artificiels” la personne qui vit avec le diabète de type 1 doit tout de même intervenir pour administrer l’insuline lors de la prise de glucides, pour corriger une hyper ou une hypoglycémie et enfin dans les situations où la glycémie pourrait varier très rapidement comme lors de l’activité physique.
Aucun système de boucle fermée hybride n’est couvert par la RAMQ mais plusieurs assurances privées permettent de couvrir les frais des différentes composantes.
Les nombreuses études réalisées sur des systèmes de boucle fermée hybride indiquent qu’ils permettent d’augmenter le temps passé dans la plage cible (entre 4 et 10 mmol/L) tout en bénéficiant des avantages des lecteurs de la glycémie en continu (réduire l’hypoglycémie, augmenter le confort de vie, etc.). Ces systèmes simplifient aussi beaucoup d’aspects reliés à la gestion du diabète de type 1.
Et le futur?
Appareils permettant de mesurer les cétones en continu, greffes d’îlots, pompes à insuline automatisées à 100%, utilisation de médicaments habituellement utilisés pour le diabète de type 2… la recherche poursuit son cours et réserve de belles surprises pour le futur. L’objectif reste la guérison.
Pour tenter d’atteindre cet objectif, la recherche porte actuellement sur deux aspects.
Le premier est de trouver un moyen d’arrêter l’attaque immunitaire sur les cellules bêta productrices d’insuline, soit en arrêtant le processus, soit en protégeant les nouvelles cellules bêta contre cette attaque continue (encapsulation).
Le deuxième, quant à lui, est de trouver un moyen de rétablir la capacité du corps à produire sa propre insuline, soit en les fabriquant à partir des cellules restantes (régénération), soit en les obtenant à partir d’autres animaux pour les greffer dans le corps (remplacement).
Les nouvelles thérapies et technologies disponibles facilitent souvent le quotidien des personnes qui vivent avec le DT1. Elles ont cependant un coût élevé et ne sont, pour la plupart, pas remboursées par la RAMQ. Certaines personnes y accèdent grâce à certaines assurances privées, mais selon les premières données du registre BETTER, 21% des personnes qui vivent avec le DT1 n’auraient pas d’assurances privées et seraient donc couvertes par la RAMQ exclusivement.
Poursuivons nos efforts pour faire avancer les choses!
Si vous, ou votre enfant vivez avec le diabète de type 1 au Québec, pensez à vous inscrire au registre BETTER (sorte de recensement).
Il faut compter entre 15 et 30 minutes pour remplir le questionnaire et compléter votre inscription.
Vous pourrez ainsi participer aux webinaires que nous organisons.


Le prochain aura lieu le 21 juin et portera sur les nouvelles pompes à insuline (systèmes de boucle fermée hybride).
Nous vous dirons tout sur le fonctionnement, les avantages, le coût, etc.
Événement à venir
Participez au registre BETTER !

Premier registre de personnes vivant avec le diabète de type 1 au Canada.
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2 réflexions au sujet de “100 ans de recherches et de technologies pour le diabète de type 1.”
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