Vous faites de l’entraînement musculaire en vue de faire des compétitions de fitness? Vous préparez un marathon ou une randonnée de vélo de longue distance? Votre jeune joue au hockey ou au soccer dans des divisions de haut calibre? En tant que personne vivant avec le diabète de type 1 (DT1) ou parent d’un enfant qui vit avec le DT1, vous savez que la gestion des glycémies peut être difficile dans un contexte d’activité sportive.
De nombreuses études scientifiques ont mis de l’avant que la crainte de l’hypoglycémie pendant et après l’activité physique est le frein numéro 1 à la pratique d’activité physique chez les personnes vivant avec le DT1. En l’absence de DT1, la production d’insuline baisse rapidement lors de l’activité physique, mais cette adaptation ne se fait pas chez les gens traités avec de l’insuline, ce qui peut provoquer des hypoglycémies.
Inversement, le risque d’hyperglycémie n’est jamais bien loin et il devient même handicapant pour les athlètes de haut niveau, surtout lors d’événements compétitifs. Certains d’entre eux développent même une anxiété reliée à l’hyperglycémie, une problématique moins bien documentée que la crainte de l’hypoglycémie.
Le sport de compétition de haut niveau peut faire augmenter la glycémie
Toute activité physique a un impact sur la glycémie. Cet impact est différent selon le type d’exercice, l’intensité et le niveau d’insuline qui circule dans le corps, entre autres. Le sport de compétition de haut niveau, caractérisé par une intensité élevée, peut particulièrement faire augmenter la glycémie en raison, notamment, de la sécrétion des hormones de stress qui vont libérer du sucre à partir des réserves du foie. S’en suivent des symptômes d’hyperglycémie comme la soif, le besoin d’uriner, une vision floue, des nausées, la fatigue et le manque de souffle.
Également, certains athlètes vont délibérément faire augmenter leur taux de sucre avant une compétition pour éviter l’hypoglycémie qui constitue un risque pour leur sécurité, mais aussi un obstacle pour leurs performances. Afin d’éviter cette situation, les athlètes vont diminuer leur insuline et/ou ingérer plus de glucides dans les heures précédant l’événement sportif. Le régime précompétition à haute teneur en glucides, qui permet également à l’athlète de ne pas manquer d’énergie, peut contribuer à causer des hyperglycémies s’il est mal encadré.
Des chercheurs européens ont suivi une équipe masculine de 12 cyclistes professionnels vivant avec le DT1 durant une saison de course. Ils ont analysé et comparé les données de glycémie lors des entraînements, des journées de compétition, des périodes de récupération et lors de la nuit.
Les journées de compétition étaient associées à beaucoup plus de temps en hyperglycémie que les journées d’entraînement, notamment à cause des hormones de stress et des stratégies précompétition pour faire monter la glycémie. Également, la période de récupération post-exercice était caractérisée par une glycémie élevée, particulièrement durant l’heure suivant une compétition. Ceci est sans doute causé par la combinaison d’un apport supplémentaire en glucides après la course (pour refaire le plein de réserves de sucres dans les muscles) et d’une diminution de la quantité d’insuline (pour compenser la hausse de sensibilité à cette hormone).
L’anxiété de l’hyperglycémie : une réalité à considérer chez les athlètes
L’hyperglycémie affecterait les performances et la préparation mentale des athlètes. C’est ce que montre notamment une étude du projet BETTER publiée récemment, qui s’est penchée sur le cas d’un gardien de but de 18 ans évoluant dans la Ligue de hockey junior A et ayant développé une anxiété reliée à l’hypoglycémie. Les chercheurs ont observé qu’au-delà de 13 mmol/L, le jeune athlète ressent plusieurs symptômes physiques et cognitifs qui nuisent à sa capacité de suivre la rondelle ou de prédire les mouvements et les décisions des joueurs. Le gardien de but mentionne notamment des maux de ventre, de l’irritabilité, des étourdissements et des troubles de la vision. Selon lui, le pancréas artificiel qu’il porte depuis deux ans l’aide à prévenir les hypoglycémies, mais ne serait pas si efficace à gérer les hyperglycémies reliées à son sport.
De crainte de vivre des hyperglycémies, qu’il qualifie de sérieux problème, le sportif se donne plus d’insuline, mange des repas plus légers et prend moins de collations dans la journée précédant un match. Cette stratégie peut paraître efficace. En effet, l’analyse de la variabilité glycémique du gardien de but révèle des niveaux de glucose moins élevés pendant la partie lorsqu’il suit son plan « anti-hyperglycémie ». Cependant, une telle stratégie ouvre la porte à des épisodes d’hypoglycémie post-exercice, notamment lorsque le gardien de but ne mange pas assez après une partie.
Il faut mieux accompagner les athlètes – et tous les sportifs – qui vivent avec le DT1
Les hyperglycémies liées au sport de haut niveau, qu’elles soient provoquées ou non, ne mettent donc pas les athlètes à l’abri du risque d’hypoglycémie. Par exemple, l’analyse des glycémies des cyclistes professionnels a montré notamment que, malgré des hyperglycémies répétées durant les journées de course ou lors de certains entraînements, les athlètes passaient un haut pourcentage de temps (jusqu’à 10 % du temps) en hypoglycémie pendant la nuit suivant l’exercice. Les hypoglycémies nocturnes sont toutefois plus fréquentes après des journées d’entraînement qu’après des compétitions, et particulièrement à la suite d’exercices d’endurance. La nuit suivant une activité physique, l’organisme reconstitue en effet ses réserves d’énergie dans les muscles et le foie sous forme de glycogène (un glucide complexe). Le corps est alors très sensible à l’insuline afin de permettre au glucose de passer du sang aux muscles et au foie, ce qui peut entraîner une chute du taux de sucre dans le sang.
Lorsqu’on sait qu’une bonne nuit de sommeil est extrêmement importante pour les athlètes afin que le corps puisse récupérer et se régénérer, il est primordial d’identifier des stratégies efficaces pour réduire les variations extrêmes de leur taux de sucre et limiter le nombre de fois où il est nécessaire pour eux de se réveiller pour prendre une collation ou de l’insuline.
Ces constats, ainsi que les observations de plusieurs autres études sur le sujet, mettent en lumière l’importance de mettre sur pied des protocoles individualisés pour aider les athlètes vivant avec le DT1 à éviter, autant que possible, les hyperglycémies et les hypoglycémies durant l’entraînement et les compétitions, mais aussi lors des périodes de récupération et pendant la nuit.
Les professionnels de la santé devront notamment discuter de cette anxiété de l’hyperglycémie et la prendre en compte dans le plan de traitement afin que les sportifs de haut niveau n’adoptent pas des stratégies de gestion de leur glycémie qui pourraient ultimement favoriser la survenue d’hypoglycémies, voire d’hypoglycémies sévères (avec une incapacité à traiter eux-mêmes l’hypoglycémie) plusieurs heures après leur entraînement.
Références :
Katz, A. et al. (2023). Hyperglycemia-related anxiety during competition in an elite athlete with type 1 diabetes: a case report. Diabetes & Metabolism 49, 101476. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1262363623000587?via%3Dihub
van Weenen, E. et al. (2023). Glycaemic patterns of male professional athletes with type 1 diabetes during exercise, recovery and sleep: Retrospective, observational study over an entire competitive season. Diabetes, Obesity and Metabolism 25(9), 2616-2625.https://doi.org/10.1111/dom.15147
Yurkewicz M., et al. (2017). Diabetes and Sports: Managing Your Athlete With Type 1 Diabetes. American Journal of Lifestyle Medicine. 2017;11(1):58-63. doi:10.1177/1559827615583648

Écrit par : Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
Révisé par :
- Alexandra Katz, étudiante à la maîtrise en nutrition
- Sarah Haag, RN. BSc.
- Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt. P., Ph. D.
- Sonia Fontaine, Domitille Dervaux, Claude Laforest, Michel Dostie, patients-partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par : Marie-Christine Payette
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