Surveiller sa glycémie, administrer l’insuline plusieurs fois par jour, compter les glucides, craindre la survenue d’hypoglycémies ou d’hyperglycémies, déployer sans cesse des efforts pour éviter les complications à long terme… la vie avec le diabète de type 1 (DT1) n’offre jamais de pause et demande une attention constante, 24h sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par année.
On comprend alors l’excitation des personnes vivant avec le DT1 à l’annonce de nouveaux traitements et technologies permettant de diminuer le fardeau que représente cette condition et l’impatience et l’espoir de voir un jour un remède pour s’en débarrasser définitivement.
À ce jour, le seul traitement permettant de rétablir la production d’insuline chez les personnes vivant avec le DT1 est la greffe de pancréas ou d’îlots issus de donneurs décédés. Cependant, la liste d’attente est longue et ce traitement ne s’adresse pas à tout le monde compte tenu des risques élevés qu’il implique.
Actuellement, les traitements les plus prometteurs dans la recherche d’un remède sont ceux dérivés de cellules souches. On vous dit pourquoi.
Qu’est-ce que le traitement par cellules souches?
Les cellules souches produites naturellement par notre moelle osseuse sont aussi appelées les « cellules mère ». En effet, c’est à partir d’elles que se développent toutes les cellules de notre corps. Elles ont la capacité de se multiplier à l’infini et de former différents types de cellules en fonction des besoins des tissus où elles se trouvent, comme des cellules sanguines (p. ex., globules blancs, rouges) dans la moelle osseuse ou encore des cellules bêta qui sécrètent l’insuline dans le pancréas.
Pour cette raison, elles sont étudiées dans le traitement de nombreuses maladies (p. ex., leucémie, cancers). Les traitements dérivés de cellules souches visent donc à développer des cellules saines à partir de cellules souches afin de remplacer les cellules malades ou défectueuses du corps. On parle également de « greffes de cellules souches » lorsque les cellules proviennent d’un autre organisme.
Dans le cas du DT1, ces traitements visent à remplacer les cellules bêta du pancréas qui ne produisent plus d’insuline par de nouvelles cellules. De fait, le corps pourrait à nouveau être capable de produire de l’insuline pour subvenir à ses besoins.
À qui s’adressent ces traitements et comment fonctionnent-ils?
Comme les cellules souches utilisées dans les études actuelles pour le DT1 proviennent d’un autre organisme humain, des médicaments immunosuppresseurs doivent être pris afin d’éviter que le corps ne rejette les cellules souches. De cette façon, les cellules saines greffées seront capables de produire de l’insuline et de maintenir la glycémie dans les limites de la normale.
En raison du traitement lourd que représentent les immunosuppresseurs qui doivent être pris à vie et des nombreux effets indésirables (p. ex., risque d’infections graves, cancers) qui les accompagnent, les traitements par cellules souches ne s’adressent pas à toutes les personnes vivant avec le DT1. Ils sont pour le moment à l’étude chez des personnes qui ne ressentent pas les symptômes de l’hypoglycémie, présentent des épisodes récurrents d’hypoglycémie sévère ou encore des fluctuations fréquentes et extrêmes de la glycémie malgré l’aide des technologies (p. ex., lecteurs de la glycémie en continu, pompe à insuline) et de leur équipe de soins; c’est-à-dire des personnes ayant un risque élevé de développer des complications.
La façon de donner les cellules peut varier selon le type de traitement proposé. Pour certains, les cellules peuvent être données grâce à une injection dans la veine porte qui est située juste sous le foie et pour d’autres, une petite intervention chirurgicale est requise.
Des recherches prometteuses
Au cours des 20 dernières années, des progrès significatifs dans la recherche sur les cellules souches ont permis d’aboutir à des méthodes prometteuses dans l’espoir de guérir un jour le DT1.
Parmi les recherches en cours, la thérapie VX-880 du groupe Vertex, mentionnée lors d’un précédent article, a beaucoup fait parler d’elle dans la dernière année. Les premiers résultats annoncés par la compagnie montrent que le traitement pourrait permettre de rétablir la production d’insuline et d’améliorer le contrôle de la glycémie. Le traitement a déjà montré qu’il pourrait permettre de diminuer l’insuline requise de façon importante, voire en totalité pour certains participants. L’étude est toujours en cours et recrute actuellement des participants au Canada pour poursuivre cette recherche. Deux équipes de Montréal participent à ce projet de recherche.
Une autre thérapie dérivée de cellules souches, appelée PEC-Direct de la compagnie ViaCyte, a été présentée récemment au congrès annuel de l’Endocrine Society (ENDO 2022) qui a eu lieu à Atlanta, en Géorgie. Chez les participants ayant bénéficié du traitement, une augmentation significative du peptide C (produit dans le pancréas en même temps que l’insuline) aurait été observée, indiquant ainsi la reprise de production d’insuline par l’organisme. En plus de l’augmentation du taux de peptide C, une diminution de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) et des besoins en insuline ont également été observés.
Encore du chemin à faire…
Bien que les premiers résultats de ces études portent sur de petits groupes de participants, elles suggèrent tout de même le potentiel des cellules souches dans le traitement du DT1. Il pourrait ainsi s’agir d’une alternative séduisante à la greffe du pancréas, peu accessible et risquée, qui montre malgré tout de très bons résultats à long terme.
Cependant, en raison des médicaments immunosuppresseurs nécessaires pour les traitements par cellules souches, cet éventuel remède ne s’adresse, pour le moment, pas à tout le monde.
En parallèle, d’autres recherches embryonnaires tentent de trouver des traitements où les cellules souches utilisées seraient celles de la personne et non d’un autre organisme humain. Ceci pourrait ainsi permettre d’éviter la prise de médicaments immunosuppresseurs et d’offrir un remède pour toutes les personnes vivant avec le DT1.

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Références :
- Scitechdaily, Could Stem-Cell Based Therapy Treat Type-1 Diabetes? A New Study Demonstrates the Treatment’s Potential, consulté le 19 octobre 2022, https://scitechdaily.com/could-stem-cell-based-therapy-treat-type-1-diabetes-a-new-study-demonstrates-the-treatments-potential/
- Type 1 BETTER, VX-880: Une nouvelle thérapie expérimentale dérivée de cellules souches pour le traitement du diabète de type 1, consulté le 19 octobre 2022, https://type1better.com/fr/vx-880-une-nouvelle-therapie-experimentale-derivee-de-cellules-souches-pour-le-traitement-du-diabete-de-type-1/
- Rickels, Michael R et al. “Long-term Outcomes With Islet-Alone and Islet-After-Kidney Transplantation for Type 1 Diabetes in the Clinical Islet Transplantation Consortium: The CIT-08 Study.” Diabetes care, dc212688. 17 Oct. 2022, doi:10.2337/dc21-2688

Écrit par: Sarah Haag RN. BSc.
Révisé par:
- Amélie Roy-Fleming Dt.P., EAD, M.Sc.
- Rémi Rabasa-Lhoret, MD, Ph. D.
- Anne-Sophie Brazeau RD, Ph. D.
- Laurence Secours, Claude Laforest, Marie-Christine Payette, Sonia Fontaine, Eve Poirier, Michel Dostie, Jacques Pelletier, patients-partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par: Marie-Christine Payette