Le diabète de type 1 (DT1) est une maladie qui ne prend jamais de pause et demande une attention constante, 24h sur 24, 7 jours sur 7, et 365 jours par an.
Pour certaines personnes, cela peut être une limite à un plan de vie, ou à un choix de carrière. Selon le pays où vous vivez, le DT1 peut encore aujourd’hui exclure la possibilité d’exercer certaines professions, comme pilote d’avion, policier, pompier, etc. Cependant, et outre certaines exceptions, rien ne devrait vous empêcher de pratiquer le métier de votre choix.
Impact sur le bien-être au travail
Une étude conduite en Finlande a évalué l’impact du DT1 sur le bien-être au travail de 2500 personnes, en analysant leurs réponses à un questionnaire. Les chercheurs indiquent que 70% des participants éprouvent occasionnellement ou régulièrement de la détresse au travail, en lien spécifiquement avec le diabète.
Ils rapportent également une corrélation significative entre le fait d’avoir une hémoglobine glyquée (HbA1c) élevée et d’avoir un risque accru de détresse au travail. Une hypothèse pour expliquer ce phénomène est que, par crainte des hypoglycémies et de leurs possibles conséquences (tâches ou responsabilités à assumer, regard des collègues et supérieurs hiérarchiques, etc.), certaines personnes ont tendance à maintenir volontairement leurs glycémies plus haut que la cible. D’ailleurs, les personnes qui occupaient un emploi nécessitant un certain effort physique, impliquant donc plus de risque d’hypoglycémies, ont rapporté avoir expérimenté davantage de détresse liée au diabète.
Un autre élément important à considérer est la stigmatisation qui peut être vécue par les personnes qui vivent avec le DT1. Cette stigmatisation peut être une barrière à une bonne gestion de la glycémie, lorsque celle-ci amène par exemple la personne à ne pas se donner son insuline, ou ne pas révéler sa condition, par peur du jugement de ses collègues.
Retraite anticipée
Les difficultés vécues au travail par les personnes qui vivent avec le DT1 peuvent dans certains cas être considérables, et représentent un poids important dans le temps. Une autre étude finlandaise indique que les personnes qui vivent avec le DT1 décident généralement de partir à la retraite plus tôt que la population générale. En moyenne les personnes qui vivent avec le DT1 partent à la retraite 4 ans plus tôt que les personnes qui vivent sans DT1. Les chercheurs observent également que les personnes qui présentent des complications en lien avec le diabète partent à la retraite plus tôt que les autres personnes vivant avec le DT1 qui n’ont pas de complications.
Une multiplicité de facteurs interviennent lorsque l’on prend la décision de partir à la retraite. Il n’est donc pas surprenant que la décision de partir plus tôt puisse être influencée par le DT1.
L’impact sur l’économie (personnelle et publique) d’une retraite anticipée ne doit pas être ignoré, en particulier dans ce contexte où ce sont parfois plusieurs années de travail et de contribution à l’économie que l’on compte en moins.
Nous n’avons pas accès à ce type de données au Québec. Cependant, il existe désormais le registre BETTER qui devrait, entre autres, permettre d’évaluer l’impact du DT1 sur le travail. L’un des objectifs est également d’évaluer le rôle des nouvelles technologies de surveillance de la glycémie et de l’administration de l’insuline sur la qualité de vie, et donc également sur l’expérience du travail.
En favorisant une meilleure connaissance et un meilleur accès (RAMQ, assurances) à ces technologies, il serait possible de soulager les personnes qui vivent avec le DT1 de la détresse qu’elles peuvent subir, en particulier dans leur vie professionnelle. Ce ne sont pas seulement les personnes qui vivent avec le DT1 et leurs proches qui en tireraient des bénéfices, mais aussi toute la société.
Inscrivez-vous (ou inscrivez votre enfant) au registre pour pouvoir y participer En savoir plus »
Référence
- Hakkarainen, P., Moilanen, L., Hänninen, V., Heikkinen, J., & Räsänen, K. (2016). Work-related diabetes distress among Finnish workers with type 1 diabetes: a national cross-sectional survey. Journal of Occupational Medicine and Toxicology, 11(1). https://doi.org/10.1186/s12995-016-0099-4
- Kurkela, O., Forma, L., Ilanne-Parikka, P., Nevalainen, J., & Rissanen, P. (2021). Association of diabetes type and chronic diabetes complications with early exit from the labour force: register-based study of people with diabetes in Finland. Diabetologia, 64(4), 795–804. https://doi.org/10.1007/s00125-020-05363-6
2 réflexions au sujet de “Impact du diabète de type 1 sur la vie professionnelle”
Les commentaires sont fermés.