Malgré vos efforts et ceux des soignants pour maintenir la glycémie de votre enfant dans la cible, l’imprévisibilité des événements de la vie peut mener à un épisode d’hypoglycémie sévère pour lequel il vaut mieux être préparé.
En effet, si votre enfant n’est plus en mesure d’ingérer du sucre, que ce soit des comprimés de glucose ou du jus de fruits par exemple, vous devrez utiliser du glucagon, une hormone qui fait monter le taux de sucre dans le sang. Mais entre la version injectable et la version nasale, laquelle choisir pour un enfant?
L’hypoglycémie sévère chez les enfants
L’hypoglycémie sévère se produit lorsque la glycémie de l’enfant chute de façon importante (souvent en dessous de 2,8 mmol/L) et que l’on observe une incapacité à réagir pour signaler et corriger la situation. Chez les adolescents et les adultes, on parle d’un épisode que l’on aurait été incapable de traiter seul. Les symptômes peuvent varier, mais comprennent généralement des tremblements, une sudation excessive, une confusion, une irritabilité et, dans certains cas, une perte de connaissance qui peut comporter des convulsions.
Ce risque est plus élevé chez les enfants vivant avec le DT1 que chez les adultes vivant avec la même condition. Cette différence s’explique par le fait que les enfants peuvent être moins conscients de leurs symptômes et moins portés à en parler.
L’hypoglycémie sévère est souvent décrite comme un moment effrayant, paniquant, alarmant et dangereux devant lequel les personnes, en particulier les aidants, se sentent démunies et pas assez préparées. Un peu plus de 10 % des personnes qui vivent avec le DT1 ont un épisode d’hypoglycémie sévère chaque année.
Il est donc important d’être vigilant face aux symptômes d’hypoglycémie et avoir un plan d’action afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de chute importante du taux de sucre.
Le glucagon pour traiter l’hypoglycémie sévère
Le glucagon doit être utilisé en cas d’hypoglycémie sévère si la prise de sucre par la bouche n’est pas possible (incapacité à avaler, perte de connaissance). Il s’agit d’un traitement d’urgence qui permet de « relâcher/libérer » toutes les réserves de glucose (sucre) présentes dans le foie et de faire ainsi remonter la glycémie. Il faut attendre entre 5 et 20 minutes après l’administration pour que la glycémie remonte en haut de 4,0 mmol/L.
Pendant longtemps, la seule façon d’administrer du glucagon était de l’injecter à l’aide d’une seringue. Depuis 2019, il est maintenant disponible sous forme de vaporisateur nasal pour les personnes de 4 ans et plus.
Glucagon nasal ou injectable?
Lorsque préparées et administrées selon les recommandations d’usage, les deux formes ont une efficacité similaire. Cependant, plusieurs études suggèrent qu’en situation d’urgence la préparation et l’administration du glucagon ne sont pas toujours optimales, ce qui peut nuire à l’efficacité du traitement.
Une étude récemment menée au Québec a comparé chez des parents (ou tuteurs) d’enfants vivant avec le DT1, ainsi que des intervenants du milieu scolaire, la préparation, l’administration, et donc l’efficacité du glucagon nasal et injectable. Dans cette étude, les participants ont été invités à regarder deux courtes vidéos de deux minutes chacune sur l’utilisation de ces deux formes de glucagon. Trois mois après, ils ont participé à une mise en situation dans laquelle ils devaient administrer les deux sortes de glucagon dans un contexte stressant.
L’étude a démontré que le glucagon nasal était plus rapide et plus facile à administrer et avait plus de chance d’être administré avec succès que le glucagon injectable.
De nombreuses erreurs ont été commises au moment d’administrer le glucagon injectable comme oublier d’éliminer l’air de la seringue, injecter seulement le diluant sans essayer de le mélanger à la poudre de glucagon ou encore donner une dose complète au lieu d’une demi-dose, requise dans le cas d’un enfant. Certains participants ont même tenté d’administrer de l’insuline.
Les erreurs dans l’administration du glucagon nasal ont été plus rares (p. ex., ne pas avoir poussé le piston jusqu’au bout).
Le glucagon nasal semble donc montrer de nombreux avantages comparativement au glucagon injectable, en particulier avec le contexte scolaire qui entoure les enfants vivant avec le DT1. Cependant, il est important de rappeler ici que le glucagon nasal est approuvé seulement pour les enfants de 4 ans et plus, et que le glucagon injectable est donc le seul traitement disponible pour les plus jeunes.
Apprendre grâce à une vidéo
Les participants de l’étude ont également été questionnés sur les méthodes qu’ils préféraient pour apprendre comment utiliser le glucagon. Les formations pratiques et les vidéos, ou une combinaison des deux, ont été les méthodes d’apprentissage les plus fréquemment mentionnées. Un grand nombre de participants pensaient même que la vidéo seule pourrait suffire dans le cas du glucagon nasal.
Les vidéos étaient appréciées pour de multiples raisons comme la possibilité de pouvoir y accéder à tout moment et autant que souhaité, ou encore de pouvoir les partager avec d’autres membres de la famille ou des amis par exemple. Ceci pourrait permettre très facilement et rapidement de former une personne responsable de l’enfant qui vit avec le DT1.
Les vidéos utilisées dans le contexte de l’étude ont été développées dans le cadre de notre plateforme de formation Support et peuvent être retrouvées, enregistrées et partagées grâce aux liens suivants :
Références :
- Yue-Pei Wang et al., Comparison of Intranasal and Injectable Glucagon Administration among Pediatric Population Responders. Manuscript under preparation.
- Madar, Houssein et al. Influence of severe hypoglycemia definition wording on reported prevalence in adults and adolescents with type 1 diabetes: a cross-sectional analysis from the BETTER patient-engagement registry analysis. Acta diabetologica vol. 60,1 (2023): 93-100. https://link.springer.com/article/10.1007/s00592-022-01987-9
- Brazeau, Anne-Sophie et al. Self-reported severe and nonsevere hypoglycemia in type 1 diabetes: population surveillance through the BETTER patient engagement registry: development and baseline characteristics. Canadian journal of diabetes vol. 46,8 (2022): 813-821. https://www.canadianjournalofdiabetes.com/article/S1499-2671(22)00134-4/fulltext

Écrit par: Sarah Haag RN. BSc.
Révisé par:
- Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
- Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph.D.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt.P., Ph.D.
Jacques Pelletier, Marie-Christine Payette, Claude Laforest, Sonia Fontaine, patients-partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par: Marie-Christine Payette