L’hypoglycémie est la complication la plus fréquente dans le traitement du diabète de type 1 (DT1) et se définit par une glycémie inférieure à 4,0 mmol/L. Lorsqu’elle survient de façon répétée, elle affecte la qualité de vie des personnes vivant avec le DT1.
En effet, l’hypoglycémie peut se manifester par des symptômes désagréables comme de la fatigue, de la transpiration, des tremblements et des palpitations. Elle doit être traitée rapidement afin de prévenir un épisode d’hypoglycémie sévère et de protéger le cerveau des impacts d’un manque de sucre (problèmes de concentration, par exemple).
La méthode actuellement recommandée pour le traitement de l’hypoglycémie est la prise de 15 g de sucres rapides (p. ex., DEX 4, jus, bonbons de type Rockets) à répéter aux 15 minutes au besoin. Cependant, plusieurs études ont démontré que la quantité de sucre prise par les personnes vivant avec le DT1 dépassait souvent cette recommandation, entraînant ensuite l’effet inverse : l’hyperglycémie. De plus, la prise régulière de glucides pour prévenir ou traiter l’hypoglycémie peut mener à un gain de poids à long terme.
Il serait toutefois possible de traiter l’hypoglycémie autrement. En effet, une étude publiée en avril 2023 laisse entrevoir la possibilité d’utiliser de mini doses de glucagon.
Administrer le glucagon en mini doses
Menée par des chercheurs danois auprès de 24 adultes vivant avec le DT1 et ayant recours à une pompe à insuline, cette étude s’est penchée sur une nouvelle forme de glucagon injectable et prêt-à-l’emploi : le Dasiglucagon. Contrairement aux autres glucagons injectables, celui-ci n’a pas besoin d’être reconstitué et est donc plus facile à utiliser.
Les chercheurs de l’étude ont donc comparé la consommation de sucres rapides à l’injection de ce nouveau glucagon, mais en mini doses, afin de traiter ou prévenir l’hypoglycémie non sévère (entre 3,0 et 3,9 mmol/L).
Pour les besoins des essais cliniques, les participants avaient comme consigne de s’injecter une petite dose déterminée de 80 μg (microgrammes) de Dasiglucagon à l’aide d’un stylo réutilisable. Cette dose équivaut à environ un dixième d’une dose régulière pour un adulte.
La FDA (Food and Drug Administration) aux États-Unis permet l’utilisation du Dasiglucagon pour le traitement de l’hypoglycémie sévère avec un stylo auto-injecteur (ressemblant à un Epipen) commercialisé sous le nom de Zegalogue. Les essais cliniques sont toujours en cours au Canada.
Une approche plus rapide, plus efficace et moins calorique
Les participants de l’étude qui ont géré leurs épisodes d’hypoglycémie avec l’injection de mini doses de glucagon se sont remis de l’hypoglycémie 44 % plus rapidement et ont consommé 11 % moins de glucides (soit 20 g de moins) quotidiennement que ceux qui ont suivi le traitement traditionnel de l’hypoglycémie, c’est-à-dire avec uniquement des glucides à action rapide. Ils ont également réussi à prévenir l’hypoglycémie avec plus de succès. Du côté des hyperglycémies de rebond, les chercheurs n’ont noté aucune différence. À noter que le groupe qui expérimentait le glucagon pouvait également consommer des sucres rapides s’il n’était pas convivial ou faisable pour eux de s’injecter le glucagon au moment de leur hypoglycémie.
Parmi les participants, 96 % ont déclaré qu’ils étaient favorables à l’inclusion de mini doses de glucagon dans leur future gestion de l’hypoglycémie, ce qui confirme que ce traitement est bien toléré. Les nausées légères ont été l’effet indésirable le plus fréquent.
L’hypoglycémie et son traitement sont au cœur de nombreuses recherches ces dernières années. Bien que le coût du glucagon prêt à l’emploi risque d’être plus élevé que la consommation de glucides, l’utilisation de mini doses semble une avenue prometteuse qui pourrait améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le DT1. Notamment, on peut penser qu’en réduisant la quantité de glucides ingérés pour corriger une hypoglycémie, il sera plus facile de prévenir un gain de poids et possiblement limiter les variations glycémiques. Il s’agit également d’une belle alternative pour ceux qui n’ont pas nécessairement faim lors d’une hypoglycémie et qui ont de la difficulté à ingérer des glucides ou encore dans les cas de gastroparésie (digestion altérée par le DT1).
Références :
- Laugesen, C.et al. (2023) Pen-administered low-dose dasiglucagon vs usual care for prevention and treatment of non-severe hypoglycaemia in people with type 1 diabetes during free-living conditions: a Phase II, randomised, open-label, two-period crossover trial. Diabetologia (2023). https://link.springer.com/article/10.1007/s00125-023-05909-4
- Brutsaert. E.F. (2022) Hypoglycémie. Le maule Merck – Version pour le grand public. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-hormonaux-et-m%C3%A9taboliques/diab%C3%A8te-sucr%C3%A9-ds-et-troubles-du-m%C3%A9tabolisme-de-la-glyc%C3%A9mie/hypoglyc%C3%A9mie
- Radermecker, R. P. et al. (2008). Le cerveau, un organe gluco-dépendant : effets délétères de l’hypoglycémie et de l’hyperglycémie. Rev. Med. Liège 63(5-6):280-286. https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/4211/1/20080506_09.pdf
- Diabète Québec (2018). L’hypoglycémie chez la personne diabétique. Page consultée le 30 mai 2023. https://www.diabete.qc.ca/fr/vivre-avec-le-diabete/soins-et-traitements/hypoglycemie-et-hyperglycemie/lhypoglycemie-chez-la-personne-diabetique/

Écrit par : Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
Révisé par :
- Sarah Haag, RN., B.Sc.
- Amélie Roy-Fleming, Dt.P., M. Sc.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt.P. PhD
- Claude Laforest, Sonia Fontaine, Ève Poirier, patients partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par : Marie-Christine Payette