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Statut socioéconomique et diabète de type 1 : quel impact sur le risque de complications?

Depuis plusieurs décennies, les recherches en sociologie de la santé ainsi que des rapports de l’Association canadienne de la santé publique et de l’Institut national de la santé publique du Québec montrent que le statut socioéconomique (tel que le revenu ou le niveau de scolarité) est l’un des facteurs les plus importants qui influencent la santé des gens. Il est donc essentiel que ce facteur soit pris en compte pour mieux comprendre la vie quotidienne des personnes vivant avec le diabète de type 1 (DT1) et les risques de complications liées à cette maladie. 

Certaines études montrent qu’un risque élevé de complications liées au diabète est associé à un statut socioéconomique faible. Cependant, la plupart d’entre elles ont été menées auprès de personnes vivant avec un diabète de type 2 (DT2) ou avec d’autres maladies chroniques, et/ou dans des régions n’ayant pas de régimes d’assurances gouvernementaux (p. ex., RAMQ au Québec, AHCIP en Alberta). 

Une étude menée grâce au registre BETTER

Une étude récemment menée à l’aide du registre BETTER nous a permis d’explorer les liens entre les risques de complications liées au DT1 et le statut socioéconomique. La particularité de cette étude est qu’elle est une des rares à observer l’impact de ce facteur dans un contexte où les personnes bénéficiaient d’un régime public et universel d’assurance maladie. Cette recherche a été menée grâce aux réponses de 1 333 participants au registre. 

Afin de définir le statut socioéconomique, nous avons pris en compte des facteurs tels le revenu familial, le niveau de scolarité, le statut d’emploi, le type d’assurance maladie (privée, publique, combinée) ou encore l’indice de défavorisation matérielle et sociale (IDMS) qui nous fournit des informations sur le statut socioéconomique à partir du code postal.

Davantage de complications chez les personnes ayant un faible statut socioéconomique

L’étude démontre que plus le statut socioéconomique des participants est faible (revenu, niveau de scolarité, indice de défavorisation matérielle et sociale établi à partir du code postal), plus les glycémies et les risques de complications à court terme (p. ex., hypoglycémie sévère, acidocétose), comme à long terme (p. ex., rétinopathie, neuropathie, maladies cardiovasculaires, dépression) sont élevés. Ce constat était le même, peu importe la durée du diabète, le sexe et le type de traitement (injections ou pompe à insuline) des participants. Les adultes vivant avec le DT1 et ayant un statut socioéconomique plus faible éprouvent donc plus de difficultés dans la gestion quotidienne de leur diabète et courent davantage de risques de complications.

Des inégalités malgré l’existence d’un régime d’assurance gouvernemental 

Ce constat vient mettre en lumière les inégalités qui perdurent malgré l’existence d’un régime d’assurance gouvernemental censé offrir à l’ensemble de la population un accès égalitaire aux soins (p. ex., traitements, médicaments, technologies) et rendre les soins de santé plus accessibles notamment en réduisant le fardeau économique pour la personne. Les inégalités sociétales et économiques sont donc toujours présentes et constituent un obstacle à l’atteinte des cibles glycémiques. Il faut également prendre en considération d’autres facteurs socioculturels qui peuvent influencer la relation des personnes avec leur santé et par conséquent leur expérience avec la gestion du diabète.

Il semble donc essentiel de mettre en place des mesures pour réduire ces inégalités afin d’améliorer la vie des personnes vivant avec le DT1. Des recherches supplémentaires devront être menées pour découvrir pourquoi un statut socioéconomique plus faible est lié à plus de risques de complications afin que des stratégies puissent être élaborées pour réduire les inégalités en matière de gestion du DT1. 

Parmi nos futures recherches, nous aimerions comprendre plus en détail le lien entre le statut socioéconomique et les comportements en matière de santé comme l’alimentation ou la pratique de l’activité physique.

Pour mieux comprendre ces interactions et répondre à ces questions, il est important que les personnes vivant avec le DT1 issues de milieux moins favorisés prennent le temps de s’inscrire au registre BETTER pour y décrire leur situation et y exprimer leurs besoins. Ces recherches et l’obtention de données fiables pourront ainsi permettre, entre autres, de sensibiliser les décideurs aux réalités quotidiennes de la vie avec le DT1 afin d’élaborer des politiques d’information et de répartition de ressources visant à aplanir les inégalités en matière de santé.

Références :

  • Ke C, Kim SJ, Shah BR, et al. Impact of Socioeconomic Status on Incidence of End-Stage Renal Disease and Mortality After Dialysis in Adults With Diabetes. Can J Diabetes. 2019;43(7):483-489.e4. doi:10.1016/j.jcjd.2019.04.006
  • Talbo, M. K., Katz, A., Dostie, M., Legault, L., & Brazeau, A.-S. (2022). Associations between socioeconomic status and patient experience with type 1 diabetes management and complications: cross-sectional analysis of a cohort from Québec, Canada. Canadian Journal of Diabetes, 46(6), 569–577. https://doi.org/10.1016/j.jcjd.2022.02.008
  • Yaghoubi, M., Mansell, K., Vatanparast, H., Steeves, M., Zeng, W., & Farag, M. (2020). Prevalence of type 1 and type 2 diabetes-related complications and their association with determinants identified in Canada’s survey on living with chronic diseases-diabetes component. Canadian Journal of Diabetes, 44(4), 304–311. https://doi.org/10.1016/j.jcjd.2019.09.001

 

Écrit par : Michel Dostie, patient partenaire du projet BETTER et Meryem Talbo, Dt.P., M. Sc.

Révisé par : Sarah Haag, RN. BSc.

Révision linguistique réalisée par : Marie-Christine Payette

 

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