Le diabète de type 1 est souvent diagnostiqué durant l’enfance. Avant que l’enfant ne gagne progressivement en autonomie à l’adolescence, les parents sont les premiers responsables des soins. Cependant, comment assurer une transition en douceur des services de santé pédiatriques à ceux pour les adultes afin que les jeunes deviennent autonomes dans leur traitement médical? Dre Jennifer Ducharme, psychologue clinicienne, a répondu à ces questions lors de la dernière conférence de Diabète Canada à Winnipeg en octobre 2019.
Différents aspects du développement.
Pour comprendre pourquoi l’adolescent participe activement ou non à son traitement, il est important de considérer les facteurs psychosociaux en plus des connaissances médicales du jeune. Il faut donc, par exemple, considérer le contexte dans lequel l’enfant grandit. En effet, chaque enfant possède son propre potentiel et l’atteint à sa propre vitesse. Parmi les sphères de développement, on distingue le développement physique, cognitif, ainsi que social et émotionnel.
- Le développement physique implique des changements hormonaux et physiques. Pour ce qui est des changements hormonaux, l’hormone de croissance a tendance à entraîner une augmentation de la résistance à l’insuline pendant l’adolescence. C’est pourquoi il est souvent nécessaire d’augmenter les doses d’insuline durant la puberté. Par ailleurs, les adolescents peuvent être plus préoccupés par leur changements physiques et se questionner davantage sur leur identité. On remarque souvent chez les jeunes le désir d’appartenir à un groupe social et de ne pas se différencier des autres. Parfois, lorsqu’une attention excessive est portée à l’apparence physique, celle-ci peut mener à des troubles du comportement alimentaire qui peuvent, à leur tour, avoir un impact sur la gestion du diabète.
- Le développement cognitif est un concept plus abstrait qui peut amener une difficulté pour le jeune à juger d’une situation. C’est pourquoi, à l’adolescence, les jeunes peuvent avoir des comportements plus risqués et ne pas toujours penser aux conséquences à long-terme.
- En termes de développement social et émotionnel, les adolescents ont souvent un plus grand désir d’indépendance en général et, donc, également vis-à-vis leurs parents. Ils sont souvent plus préoccupés par leur besoin d’affirmation ou par leur relation amoureuse que par leur traitement pour le diabète.
Comment offrir un accompagnement ?
Tous ces changements dans le développement de l’enfant sont à considérer lorsque l’on souhaite accompagner le jeune vers une autonomie dans la gestion de son diabète et assurer une transition vers les soins adultes.
On constate donc qu’à l’adolescence, il y a non seulement une transition des soins des parents à l’enfant, mais également un changement multidimensionnel chez le jeune. Le temps que cette transition peut prendre est différent pour chacun(e). C’est pourquoi Il est important d’évaluer si le jeune se sent prêt à être le principal responsable et acteur de ses soins médicaux.
Les professionnels de la santé, les parents (ou les tuteurs), et le jeune lui-même devront commencer par partager les tâches médicales afin de diminuer le niveau de détresse et d’anxiété chez ce dernier. Au début de la transition, les parents peuvent encadrer le jeune et aider à déterminer quels aspects du traitement peuvent être transférés à leur enfant. Cependant, il est important de s’assurer que la communication soit adéquate et de prendre le temps de résoudre les conflits potentiels.
En plus des facteurs familiaux, il faudra considérer l’influence des pairs ainsi que l’ensemble du contexte psychosocial dans lequel vit le jeune afin d’assurer une plus grande implication dans le traitement et, surtout, une meilleure qualité de vie pour celui-ci.
Référence :
Ducharme. J. Psychosocial and developmental influences on diabetes management, treatment adherence, and outcomes in adolescence, Présentation orale à Diabète Canada, 2019, Winnipeg, Canada