Le soleil et le DT1
Le Canada est reconnu comme ayant un des taux les plus élevés de diabète de type 1 (DT1) avec d’autres pays nordiques comme la Finlande, la Norvège et la Suède.(1) Des études ont démontré qu’il pourrait y avoir un lien entre une moins grande durée d’exposition au soleil et le risque de développer le diabète de type 1.
Le lien soupçonné concerne la « vitamine soleil », soit la vitamine D. (2)
Notre peau a la capacité de produire de la vitamine D lorsqu’elle est exposée au soleil. Cependant, dans un pays où le soleil se fait rare pendant la moitié de l’année, cela peut compliquer les choses. Mais est-ce que cela serait suffisant pour expliquer ou justifier ce risque accru estimé de développer un diabète de type 1?
Que savons-nous sur la vitamine D et le DT1?
Dans notre corps, la vitamine D se transforme en calcitriol. Cette composante a la propriété de réduire la réponse auto-immune comme dans le contexte du DT1 où le corps détruit ses propres cellules qui produisent de l’insuline. Hypothétiquement, un niveau de calcitriol approprié pourrait diminuer le risque de développer des maladies auto-immunes comme le diabète de type 1.
Cependant, on ne sait toujours pas comment cela fonctionne et plusieurs chercheurs étudient la question. Certaines études ont démontré qu’il existe un lien entre une carence en vitamine D et un plus grand risque de développer le DT1 tandis que d’autres n’en ont démontré aucun. D’autres études ont rapporté l’effet de l’âge et du profil de la vitamine D de la mère sur les résultats de l’enfant. De plus, des chercheurs ont évalué le niveau de la vitamine D, d’autres ont soit examiné les récepteurs de vitamine D de nos cellules ou se sont penchés sur la génétique associée au métabolisme de la vitamine D. Toutefois, aucune conclusion claire n’a été tirée jusqu’à maintenant. (3)
Donc, est-ce que c’est la vitamine D, ses récepteurs ou les gènes liés?
Récemment, une équipe de chercheurs a décidé d’adopter une approche novatrice et d’étudier tous ces facteurs chez les mères et leurs nouveau-nés et a comparé deux groupes : un groupe dans lequel les enfants ont plus tard développé le diabète de type 1 et un groupe témoin dans lequel les enfants ne l’ont pas développé.
Les chercheurs ont mesuré la vitamine D, les récepteurs de vitamine D, la protéine de liaison de la vitamine D et différentes variantes de gènes impliqués dans le métabolisme de la vitamine D. Des échantillons ont été prélevés chez les mères et leurs nouveau-nés.
Les chercheurs ont découvert que :
1- Un niveau de protéine de liaison de la vitamine D plus élevé chez la mère au moment de l’accouchement a été associé avec un risque plus faible de développer le DT1 chez l’enfant.
2- Un niveau de protéine de liaison de la vitamine D plus élevé chez l’enfant à la naissance peut réduire le risque de développer le DT1. Cependant, les chercheurs ont constaté cette association seulement chez certains génotypes (des ensembles de gènes précis) et pas chez d’autres.
Ce que ces conclusions nous indiquent, c’est qu’il est possible que l’apport en vitamine D (par l’alimentation, les suppléments ou le soleil) soit un facteur environnemental qui déclenche le DT1 qui peut affecter et être affecté par notre bagage génétique dans le contexte du risque de développer le DT1. Ceci nous pousse à effectuer davantage de recherche pour mieux comprendre et sert de base pour des outils cliniques qui pourraient un jour nous aider à prévenir le DT1.(4)
En conclusion
Les conclusions appuient les recommandations actuelles du document de principes de la Société canadienne de pédiatrie (SCP) sur l’apport en vitamine D chez les femmes enceintes et les nourrissons.(5) Cependant, il est important d’assurer un suivi par des professionnels de la santé qualifiés. On s’assure ainsi que ni le bébé ni la mère ne présentent des risques de carence ou de surconsommation, particulièrement dans le contexte de suppléments vitaminiques.
Entre-temps, profitez du bon temps dehors quand la météo le permet.
Références :
1- DIAMOND Project Group. Incidence and trends of childhood Type 1 diabetes worldwide 1990-1999. Diabet Med. 2006;23(8):857-866.
2- Nair R, Maseeh A. Vitamin D: The “sunshine” vitamin. J Pharmacol Pharmacother. 2012;3(2):118-126.
3- Rak K, Bronkowska M. Immunomodulatory effect of vitamin d and its potential role in the prevention and treatment of type 1 diabetes mellitus—a narrative review. Molecules. 2018;24(1):53-53. doi:10.3390/molecules24010053
4- Tapia, German et al. “Maternal and Newborn Vitamin D-Binding Protein, Vitamin D Levels, Vitamin D Receptor Genotype, and Childhood Type 1 Diabetes.” Diabetes care (2019) doi:10.2337/dc18-2176/-/DC1.
5- Vitamin D supplementation: recommendations for Canadian mothers and infants. Paediatrics & child health. 2007;12(7):583-598.