Le diabète de type 1 (DT1) est une maladie où le système immunitaire s’attaque à ses propres cellules (en l’occurrence les cellules du pancréas qui fabriquent l’insuline), et produit des anticorps.
Il existe différentes maladies auto-immunes qui, comme dans le cas du DT1, proviennent d’une prédisposition génétique qui permet au corps de produire des anticorps dirigés vers ses propres organes. Il n’est pas rare de retrouver d’autres maladies auto-immunes chez les personnes qui vivent avec le DT1, comme la maladie coeliaque (intolérance au gluten) ou celle de la thyroïde.
Maladie de la thyroïde et glycémie
La thyroïde est une glande en forme de papillon qui se trouve dans la gorge. Elle joue un rôle majeur dans la régulation de nombreuses fonctions de l’organisme, notamment le métabolisme (transformation des aliments en énergie).
Lorsque la thyroïde ne fonctionne pas bien, de nombreux aspects du bien être physique, mental et émotionnel peuvent être affectés. De plus, en venant perturber le métabolisme, les maladies de la thyroïde peuvent rendre la gestion de la glycémie plus difficile.
Les 2 formes les plus fréquentes de maladie auto-immune de la thyroïde que l’on retrouve chez les personnes vivant avec le DT1 sont:
- La thyroïdite d’Hashimoto, la plus fréquente.
- La maladie de Graves (ou de Basedow), qui est beaucoup plus rare.
Ces maladies touchent davantage les femmes que les hommes.
La thyroïdite d’Hashimoto
Avec la thyroïdite d’Hashimoto, le système immunitaire attaque la thyroïde et provoque sa destruction (un peu comme la destruction des cellules qui produisent l’insuline pour le diabète de type 1). De fait, la thyroïde peut ne plus être en mesure de libérer suffisamment d’hormones. On parle alors d’hypothyroïdie, qui peut se manifester par différents symptômes:
- fatigue
- sensibilité au froid (frilosité)
- goitre, ou hypertrophie de la thyroïde, qui peut provoquer une sensation de plénitude dans la gorge
- prise de poids
- constipation
- sensation de brouillard mental
- ralentissement du rythme cardiaque
- perte de cheveux
- irrégularité menstruelle, règles abondantes et infertilité
- humeur moins joyeuse voire dépression
- douleurs musculaires
Beaucoup d’autres évènements de la vie et de maladies peuvent donner de tels symptômes.
Cette maladie ralentit le métabolisme et peut faire baisser la glycémie. L’hypothyroïdie peut donc parfois causer un déséquilibre de la glycémie (plus d’hypoglycémies) dont on ne comprendrait pas l’origine.
La maladie de Graves aussi appelée de Basedow
Dans le cas de la maladie de Graves, le corps attaque la thyroïde et la pousse à produire trop d’hormones. On parle alors d’hyperthyroïdie qui peut se manifester par différents symptômes:
- Perte de poids
- Accélération du rythme cardiaque
- Irritabilité
- Fatigue et/ou faiblesse
- Goitre, ou hypertrophie de la thyroïde, qui peut provoquer une sensation de plénitude dans la gorge.
- Intolérance à la chaleur
- Nervosité
- Diarrhée
- Tremblements
- Insomnie
- Éclat du regard, comme si les yeux avaient un peu avancé dans les orbites (le terme médical est exophtalmie).
Cette maladie accélère le métabolisme et peut faire augmenter la glycémie. L’hyperthyroïdie peut donc parfois causer un déséquilibre de la glycémie (plus d’hyperglycémies) dont on ne comprendrait pas l’origine.
Dépister et traiter
L’hypo et l’hyperthyroïdie peuvent affecter les glycémies des personnes qui vivent avec le diabète mais leur impact est très variable d’une personne à l’autre.
La TSH est une hormone qui reflète le fonctionnement de la thyroïde. Elle peut être mesurée facilement via une prise de sang qui doit généralement être effectuée une fois par an. Dans certains cas, le médecin peut également demander la mesure des anticorps antithyroïdiens (anti-TPO/TSI) qui démontrent un processus auto-immun et dont la mesure peut parfois être utile pour le diagnostic. De plus, la mesure des anticorps peut être utile pour repérer les personnes à risque de développer une hypothyroïdie ou hyperthyroïdie.
Même s’il n’existe pas de traitement préventif, la prise en charge est très efficace.
- En cas d’hypothyroïdie, un médicament appelé Synthroïd (Levothyroxine) doit être pris 1 fois par jour sous forme de comprimé, afin de remplacer ce que la thyroïde n’est plus en mesure de produire et de réduire, voire de faire disparaître, les symptômes. Des prises de sang sont ensuite effectuées afin d’évaluer si le traitement a besoin d’être ajusté. Il est préférable de prendre ce traitement à distance des produits laitiers et des suppléments de calcium et de fer, qui peuvent réduire son absorption.
- En cas d’hyperthyroïdie, qui est beaucoup plus rare, le traitement des symptômes consiste à bloquer la production d’hormones thyroïdiennes grâce à des médicaments antithyroïdiens, à détruire des cellules thyroïdiennes hyperactives au moyen d’iode radioactif ou encore à retirer chirurgicalement la thyroïde (thyroïdectomie).
Les maladies auto-immunes se développent souvent de façon silencieuse. Une surveillance accrue est donc nécessaire, ainsi qu’un dépistage régulier, pour permettre d’effectuer une prise en charge le plus tôt possible et éviter l’apparition de symptômes et de complications. Il n’y a cependant pas de consensus sur les maladies qui devraient être dépistées systématiquement ni sur la fréquence de ce dépistage chez les personnes qui vivent avec le DT1.
Dans le registre BETTER, nous identifions les maladies auto-immunes les plus fréquentes: 15% des adultes vivant avec le DT1 ont rapporté avoir au moins une autre maladie auto-immune et 25% une maladie de la thyroïde.
Références:
- Fleiner, Hanne F et al.“Prevalence of Thyroid Dysfunction in Autoimmune and Type 2 Diabetes: The Population-Based HUNT Study in Norway.” The Journal of clinical endocrinology and metabolism vol. 101,2 (2016): 669-77. doi:10.1210/jc.2015-3235
- Riley, W J et al. “Thyroid autoimmunity in insulin-dependent diabetes mellitus: the case for routine screening.” The Journal of pediatrics vol. 99,3 (1981): 350-4. doi:10.1016/s0022-3476(81)80316-2
- Umpierrez, Guillermo E et al. “Thyroid dysfunction in patients with type 1 diabetes: a longitudinal study.” Diabetes care vol. 26,4 (2003): 1181-5. doi:10.2337/diacare.26.4.1181
- Mitrou, Panayota et al. “Insulin action in hyperthyroidism: a focus on muscle and adipose tissue.” Endocrine reviews vol. 31,5 (2010): 663-79. doi:10.1210/er.2009-0046