Faire de l’exercice est bon pour le corps et l’esprit. Bouger favorise le bien-être et l’intégration sociale. Pratiquer de l’activité physique peut aussi réduire le risque de maladies cardiovasculaires, aider à gérer le stress et contribuer à maintenir un poids santé.
Pour ceux qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1), faire de l’exercice améliore la sensibilité à l’insuline (le corps réagit mieux à l’insuline), ce qui peut réduire les besoins en insuline.
L’activité physique est d’autant plus importante pour les jeunes qui vivent avec le DT1, car ils et elles sont en processus de bâtir les habitudes qui vont contribuer à leur état de santé pour le long terme.
Toutefois, selon plusieurs études scientifiques, ainsi que la Société internationale pour le diabète pédiatrique et adolescent (ISPAD), les enfants et les adolescent·e·s qui ont le DT1 bougent moins que ceux et celles qui ne l’ont pas.
Les adolescent·e·s qui vivent avec le DT1 sont plus sédentaires
Il ressort de ces études que les jeunes qui vivent avec le DT1 atteignent, en moyenne, plus difficilement les recommandations internationales en matière d’activité physique que ceux et celles qui vivent sans diabète.
Selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) et la Société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE), les 5 à 17 ans devraient faire 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour, principalement de type cardiovasculaire. Des activités qui renforcent le système musculaire et l’état osseux (musculation) devraient être pratiquées au moins trois fois par semaine et les périodes prolongées en position assise devraient être limitées.
La fonction cardiorespiratoire (cœur et poumons) des jeunes vivant avec le DT1 – un indicateur de la santé cardiovasculaire – est également moins bonne, tout comme leur niveau d’aptitude physique aérobique (axé sur le cardiovasculaire).
Cette tendance semble davantage toucher les filles, et débute dès le plus jeune âge.
La crainte de l’hypoglycémie : un frein à l’exercice physique
En plus des obstacles rencontrés par la population générale (manque de temps, manque d’accessibilité à des installations sportives, etc. ), la peur de l’hypoglycémie ou une gestion difficile des glycémies sont les principales barrières à l’activité physique chez les enfants et les adolescents vivant avec le DT1. C’est ce qui ressort des quelques études réalisées auprès de cette population; d’autres analyses seront nécessaires pour bien comprendre tous les facteurs à l’origine de leur tendance à la sédentarité.
De récentes données laissent cependant présager que ces freins sont moins importants lorsque le jeune porte un lecteur de glycémie en continu ou une pompe.
Toutes les activités physiques ne font pas baisser la glycémie
Chaque type d’exercice agit de façon différente sur le corps. Les activités de faible à moyenne intensité mais de longue durée, appelées aérobiques (une randonnée, du vélo, du jogging, de la natation longue distance, etc.), provoquent généralement une baisse du taux de sucre dans le sang.
Les activités de très haute intensité à courte durée, appelées anaérobiques (entraînement avec des poids, sprint, boxe, hockey) vont plutôt faire monter la glycémie pour certains. Cela peut aussi être le cas lors de compétitions sportives lorsque les hormones de stress se mettent de la partie.
Enfin, les sports qui combinent plusieurs niveaux d’intensité et de durée (intervalles), comme le basketball ou le soccer, font fluctuer la glycémie.
Quel que soit le type d’activité physique, de multiples facteurs influencent la variation de la glycémie : par exemple, l’intensité, la durée, le moment de la journée, l’heure de la dernière dose d’insuline, etc. Il est donc difficile pour votre jeune vivant avec le DT1 d’anticiper ce qui va se passer avec sa glycémie.
Dans tous les cas, il y a deux moments particulièrement propices au risque d’hypoglycémie : pendant la pratique de l’activité physique, puis plusieurs heures après lorsque les muscles reconstituent leur stock de sucre (glycogène).
Il est possible de bien gérer la glycémie lors de l’exercice
Il existe des stratégies pour tenter d’optimiser le contrôle de la glycémie pendant l’activité physique. En voici quelques-unes que vous pouvez utiliser pour votre enfant ou proposer à votre adolescent·e :
- Ajuster l’insuline : tout dépend du sport pratiqué, du moment de la glycémie, etc. De façon générale, il est possible, par exemple, de diminuer la quantité d’insuline avant un sport dit aérobique pour éviter les hypoglycémies pendant, immédiatement après l’exercice et durant la nuit qui suit la pratique de l’activité. Pour ce faire, il faut anticiper l’activité physique qui sera réalisée dans les prochaines heures. La réduction requise est souvent plus importante que ce que les personnes qui vivent avec le DT1 pensent.
- Exemple 1 : pour une heure de vélo après un repas, il est possible de réduire le bolus du repas jusqu’à 50 % selon, notamment, l’intensité de l’activité et la quantité de glucides consommés.
- Exemple 2 : pour une personne sous pompe à insuline qui pratique un jogging d’une heure en fin d’après-midi, il faut souvent diminuer le débit de base de 80 % de 60 à 90 minutes avant le début de la séance et le maintenir à ce niveau jusqu’à la fin de l’activité.
Dans certains cas, la réduction d’insuline n’est pas nécessaire, notamment avant une séance de poids et haltères. Pour certains exercices très intenses, il faut cependant parfois donner une petite dose (bolus) d’insuline ou encore augmenter le débit de base de façon temporaire pour ceux qui ont une pompe. Les nouvelles pompes semi-automatiques (pancréas artificiels) ont une fonction activité physique qu’il faut activer de 60 à 90 min avant l’exercice.
- Lorsque nécessaire, prendre une collation avec des glucides rapides (p. ex., jus, compote de pommes, barre de fruits, etc.); par exemple, si la glycémie au début de l’activité est plutôt basse ou si elle baisse pendant l’activité. Pour la majorité des exercices, les besoins en glucides pour une heure d’activité sont d’environ 0,5 g de glucides/kg de poids corporel (p. ex., 30 g de glucides pour une personne de 60 kg).
- Avoir des sources de sucres à action rapide sous la main (p. ex., comprimés de glucose Dex4, bonbons de style Rockets, sachets de sucre, etc.) en cas d’hypoglycémie.
- Boire souvent afin de rester bien hydraté : la déshydratation augmente la concentration de glucose dans le sang.
- Vérifier régulièrement la glycémie pendant mais aussi après l’activité physique, car une hypoglycémie peut avoir lieu plusieurs heures après une période d’exercice. La lecture en continu de la glycémie facilite grandement cette tâche, mais il faut savoir que pendant l’activité le capteur peut surestimer la glycémie réelle. Il est donc important de se fixer un seuil et regarder les flèches de tendance pour prévenir les hypoglycémies avant que la glycémie passe en dessous de 4,0 mmol/L.
- Tenir un journal sportif : il est aussi possible de noter le type d’exercice, le moment (p. ex., après un repas, de jour, de soir), la durée, la prise de sucres rapides et de collations. Bref, tout ce qui aide à cerner les impacts de l’activité sur la glycémie.
Des outils à consulter
Si votre jeune désire se mettre à l’entraînement, il ou elle pourrait débuter par un programme à la maison. Si votre jeune fait déjà du sport, un webinaire qui traite de l’activité physique en contexte de diabète de type 1 l’aidera à mieux comprendre la relation entre l’activité et la glycémie. À regarder ou à revoir avec votre jeune!
Les facteurs qui influencent la variation de la glycémie sont multiples, mais il est possible de les apprivoiser avec quelques connaissances et l’expérience.
Et rappelez-vous que combiner sport et DT1 est tout à fait possible. De nombreux sportifs de haut niveau le font : le joueur de hockey Max Domi, l’athlète d’endurance Sébastien Sasseville, l’olympien en aviron Chris Jarvis, le joueur de tennis Alexander Zverev, la joueuse de rugby Anne-Frédérique Simard, pour n’en nommer que quelques-uns.
Autre ressource intéressante: Le diabète pédiatrique : 3e partie – connaissances avancées sur le diabète
Références
- Huerta-Uribe, N. et al. Youth with type 1 diabetes mellitus are more inactive and sedentary than apparently healthy peers: A systematic review and meta-analysis. Diabetes Research and Clinical Practice 2023 (110697). https://www.diabetesresearchclinicalpractice.com/article/S0168-8227(23)00460-6/fulltext
- Brazeau A-S., Rabasa-Lhoret R., Strychar I., Mircescu H. Barriers to physical activity among patients with type 1 diabetes. Diabetes Care 2008 31(11): 2108-9. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18689694/
- FRDJ. Faire de l’exercice et rester actif. Page consultée le 31 mai 2023. https://www.frdj.ca/vivre-avec-le-dt1/lexercise-et-le-diabete-de-type-1/
- De Kerdanet, M. et Heyman E. (2019). Diabétologie de l’enfant, chapitre 21 : Activité physique et diabète de type 1 chez l’enfant et l’adolescent : Pourquoi? Comment? Elsevier. https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/pediatrie/activite-physique-et-diabete-de-type-1-chez-lenfant-et-ladolescent-pourquoi-comment-
- FRDJ. How Different Types of Exercise Affect Blood Sugar. Page consultée le 31 mai 2023. https://www.jdrf.org/t1d-resources/living-with-t1d/exercise/exercise-impact/
- Huynh, L. et al. Diabète de type 1 – Recommandations et stratégies pour l’activité physique. Revue Plein Soleil, Diabète Québec, hiver 2021-2022. https://type1better.com/wp-content/uploads/2021/12/2021_PS4_IRCM.pdf

Écrit par : Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
Révisé par :
- Sarah Haag, RN., B.Sc.
- Rémi Rabasa-Lhoret, MD, PhD
- Amélie Roy-Fleming, Dt.P., M. Sc.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt.P. PhD
- Marie-Christine Payette, Claude Laforest, Jacques Pelletier, Sonia Fontaine, Aude Bandini, Amélie Eloudou, Michel Dostie, patients partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par : Marie-Christine Payette