Les tendances en matière de régime alimentaire sont nombreuses et souvent éphémères. Il peut donc être difficile de s’y retrouver.
Même si depuis plusieurs années le régime sans gluten est en plein essor, beaucoup de mythes persistent en lien avec ce régime. En effet, il peut être difficile de comprendre ce qu’est le gluten et de déterminer si le retirer de son alimentation nous apporte des avantages.
Malgré cela, le régime sans gluten est actuellement suivi par de nombreuses personnes à travers le monde. Au Canada, le registre BETTER estime qu’environ 9 % des personnes qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1) suivent ce régime.
Mais alors, s’agit-il d’une mode ou d’une réelle nécessité? On fait le point.
Le gluten en bref
Présent dans les céréales comme le blé, l’épeautre, l’orge, le seigle et parfois l’avoine, le gluten est un ensemble de protéines. Lorsque ces protéines sont mélangées dans l’eau, une sorte de toile se forme rendant alors la pâte collante, moelleuse et lui permettant de se tenir ensemble. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que le mot gluten est emprunté au latin et qu’il signifie « colle » ou « glue ».
Bien que le gluten soit présent dans les aliments depuis toujours, des inconforts gastro-intestinaux liés à sa consommation sont parfois rapportés.
Maladie cœliaque et diabète de type 1 : existe-t-il un lien?
Parfois appelée intolérance au gluten, la maladie cœliaque est une maladie à part entière plutôt qu’une forme d’intolérance. Comme pour le DT1, il s’agit d’une maladie chronique auto-immune, dans laquelle la consommation de gluten déclenche une réaction anormale du système immunitaire qui attaque alors les parois de l’intestin. Elle provoque ainsi des lésions qui nuisent à l’absorption des nutriments comme le fer, le calcium et certaines vitamines, présents dans les aliments. Même s’il est encore difficile d’expliquer clairement pourquoi, les recherches des dernières années montrent que les personnes vivant avec le DT1 sont plus à risque de développer cette maladie.
On estime qu’environ 4 à 9 % des personnes vivant avec le DT1 sont également touchées par la maladie cœliaque. Cette estimation se confirme au Canada où environ 5 % des participants du registre BETTER rapportent avoir reçu un diagnostic de maladie cœliaque.
Si dans de rares cas la maladie cœliaque peut évoluer silencieusement, elle se manifeste chez la plupart des personnes par des symptômes tels que :
- ballonnements, flatulences
- diarrhées fréquentes
- constipation
- faiblesse/fatigue importante
- indigestion
- perte de poids
- retard de croissance et de puberté (enfants)
- anémie
- hypoglycémies fréquentes et inexpliquées (personnes qui vivent avec le DT1)
En présence de symptômes et/ou en cas de doute, Diabète Canada recommande aux personnes vivant avec le DT1 de passer une prise de sang et une biopsie (prélèvement de tissu) du petit intestin pour déterminer la présence, ou non, d’une maladie cœliaque.
Avec le temps, la maladie coeliaque peut mener à des carences nutritionnelles et entraîner d’autres problèmes de santé tels que l’anémie (en raison d’une carence en fer, acide folique ou vitamine B12), l’ostéoporose (fragilisation des en raison d’un manque de calcium et de vitamine D), des problèmes de fertilité. Elle peut aussi accroître le risque de développer certains cancers.
L’unique traitement : le régime sans gluten
Lorsque le diagnostic de maladie cœliaque est confirmé, une alimentation sans gluten doit être adoptée pour permettre la disparition complète des symptômes et le rétablissement de l’intestin. Cette diète est stricte et plus complexe qu’elle ne semble, particulièrement en présence de DT1. De plus, l’alimentation sans gluten doit être suivie à vie, car comme pour le DT1, il n’y a pas de guérison. C’est pourquoi le diagnostic officiel d’un médecin et le suivi par une nutritionniste spécialisée sont nécessaires avant d’adopter ce type d’alimentation.
La complexité de ce régime vient du fait que le gluten se retrouve dans plusieurs grains céréaliers comme le blé, l’avoine, l’orge et le seigle. Mais on le retrouve également dans plein de produits transformés à base de ces céréales comme le pain, les pâtisseries, les céréales à déjeuner, etc.
Concilier le régime sans gluten avec le diabète peut être une véritable gymnastique alimentaire! Si le régime n’est pas équilibré, il peut occasionner des carences alimentaires et une hausse de la glycémie. Voici quelques conseils pour faire face à ce double défi :
- Choisir des sources de glucides qui sont naturellement sans gluten et riches en fibres (p. ex., riz brun, quinoa, sarrasin, pommes de terre et fruits avec pelure).
- Ajouter des aliments protéinés aux repas afin de ralentir la montée de la glycémie qui s’ensuivra (p. ex., ajouter un œuf au déjeuner, des noix dans une salade, une tranche de fromage à votre sandwich).
- Injecter l’insuline rapide avant le repas afin de faire coïncider l’action de l’insuline avec l’arrivée du glucose dans le sang, en particulier lors de la consommation de produits sans gluten qui ont un indice glycémique plus élevé.
- Discuter d’un éventuel ajustement des doses d’insuline avec l’équipe de soins.
Les produits « sans gluten »
Dans les produits commerciaux dits « sans gluten », on remplace souvent les grains entiers par de l’amidon de pomme de terre ou de riz, retirant ainsi une source de fibres alimentaires qui aident, entre autres, au contrôle de la glycémie. Les produits sans gluten sont donc souvent des produits transformés plus riches en glucides et plus faibles en protéines.
Si éliminer complètement le gluten peut permettre d’éviter certaines sources de sucres raffinés, le remplacer par des aliments sans gluten n’est pas toujours la meilleure solution. La mention « sans gluten » ne garantit pas une valeur nutritionnelle intéressante.
Y a-t-il des avantages à suivre un régime sans gluten en l’absence de maladie cœliaque?
Le régime sans gluten est parfois suivi par des personnes n’ayant pas reçu de diagnostic de maladie cœliaque qui considèrent que ce régime améliore leur santé. Lorsque l’ingestion de produits contenant du gluten provoque un inconfort intestinal, mais qu’il ne s’agit pas de maladie cœliaque, on parle désormais de sensibilité au gluten non cœliaque. Cependant, l’existence de cette affection n’a jamais été scientifiquement prouvée. Le sentiment de bien-être lié au régime pourrait résulter de l’élimination du gluten, mais aussi de la diminution, voire la suppression, d’aliments transformés ou peu nutritifs.
Le corps de chaque personne fonctionne différemment et il existe de nombreuses façons de maintenir une alimentation saine. Même si conjuguer diabète de type 1 et maladie cœliaque peut s’avérer un réel défi, il est tout à fait possible d’adopter une alimentation sans gluten tout en visant une gestion des glycémies optimale!
Références :
- Diabète Québec, La maladie cœliaque et le diabète, consulté le 28 novembre 2022, https://www.diabete.qc.ca/fr/vivre-avec-le-diabete/alimentation/trucs-et-conseils/la-maladie-coeliaque-et-le-diabete/
- Cours Comprendre et traiter la maladie cœliaque lorsqu’on vit avec le diabète de type 1, Plateforme Support
- Diabetes Canada, Celiac disease and diabetes, consulté le 28 novembre 2022, https://diabetes.ca/managing-my-diabetes/preventing-complications/celiac-disease

Écrit par: Sarah Haag RN. BSc.
Révisé par:
- Amélie Roy-Fleming Dt.P., EAD, M.Sc.
- Anne-Sophie Brazeau RD, Ph. D.
Jacques Pelletier, Sonia Fontaine, Laurence Secours, Claude Laforest, Marie-Christine Payette, Michel Dostie, patients-partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par: Marie-Christine Payette