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Suivi de l’étude DCCT/EDIC : L’insuline peut-elle être nuisible à long terme?

Que savons-nous au sujet du diabète de type 1 et des maladies cardiovasculaires?

À l’heure actuelle, nous savons que le diabète de type 1 est associé à un risque plus élevé de développer des maladies cardiovasculaires (MCV) comme l’épaississement des vaisseaux sanguins, les accidents vasculaires cérébraux, le mauvais fonctionnement du cœur, les crises ou l’insuffisance cardiaques et qu’il peut être fatal. Un bon contrôle glycémique est essentiel pour éviter et retarder l’apparition de complications du diabète, y compris les MCV.

L’insuline : une amie ou un ennemi déguisé?

Pour le moment, l’insuline est le seul traitement contre le diabète de type 1 et est essentielle pour atteindre un bon contrôle glycémique. Le type d’insulinothérapie (type d’insuline et méthode d’administration utilisée) dépend de plusieurs facteurs (p. ex., accessibilité aux médicaments, préférence du patient, etc.). L’insulinothérapie est adaptée pour répondre aux diverses tendances à l’hypo ou à l’hyperglycémie du patient et nécessite des ajustements fréquents.

Même si l’insuline est essentielle pour abaisser la glycémie et aider à réduire le risque de complications, elle peut aussi être associée à un gain de poids et augmenter le risque d’hypoglycémie. De plus, certaines études, surtout menées sur des animaux, ont révélé qu’un taux d’insuline élevé constant dans le sang est associé à des changements dans la structure du cœur et des vaisseaux et peut causer leur épaississement, en perturbant le bon fonctionnement.   

Toutefois, jusqu’à maintenant, peu de recherches ont exploré le lien possible entre l’insuline et le risque de MCV chez les humains et les données disponibles montrent principalement des résultats contradictoires.

Il est important de mentionner qu’un lien n’implique pas nécessairement un lien de causalité, mais suggère tout de même que la communauté médicale et la communauté de recherche devraient chercher à savoir s’il y a bien un lien de causalité ou si, au contraire, c’était dû au hasard.

Qu’est-ce que l’étude DCCT/EDIC?

De façon générale, cette étude déterminante (DCCT) et son suivi (EDIC) ont révélé que le traitement intensif visant l’atteinte de valeurs glycémiques près de la normale réduit les complications à long terme liées au diabète de type 1 et le risque de mortalité précoce.

L’étude Diabetes Control and Complications Trial (DCCT) est une étude clinique sur le diabète de type 1 qui a suivi 1 441 participants de 1983 à 1993 pour déterminer si l’insulinothérapie intensive (4 injections ou plus par jour) retarde ou prévient le développement de complications liées au diabète.

En guise de suivi, l’étude Epidemiology of Diabetes Interventions and Complications (EDIC) a été lancée en 1994. Au total, 1 251 participants (de l’étude DCCT) ont été suivis pendant 20 années supplémentaires afin d’évaluer les résultats à long terme des interventions sur le contrôle glycémique.

De façon générale, cette étude déterminante (DCCT) et son suivi (EDIC) ont révélé que le traitement intensif visant l’atteinte de valeurs glycémiques près de la normale réduit effectivement les complications à long terme liées au diabète de type 1 (touchant les yeux, les reins, les nerfs, le cœur, etc.) et réduit de façon considérable le risque de mortalité précoce. L’insulinothérapie intensive était toutefois associée à un plus grand nombre d’épisodes d’hypoglycémie, un gain de poids ainsi qu’une plus grande utilisation d’insuline (nombre d’injections et/ou les doses).  

Qu’est-ce que les études DCCT/EDIC ont découvert au sujet des effets secondaires possibles d’une trop grande quantité d’insuline?

Dans ce rapport récemment publié tiré du suivi DCCT/EDIC, Brafett et al. ont présenté une série de conclusions :

  1. Leur première analyse avait suggéré qu’une plus grosse dose d’insuline était effectivement associée à un risque plus élevé de MCV. Cependant, lorsqu’ils ont tenu compte de la présence d’autres facteurs de risque comme une prise de poids, des taux anormaux de lipides dans le sang (comme des taux de triglycérides (TG) et de cholestérol plus élevés), l’insuline à elle seule n’était plus associée à un risque plus élevé de MCV.
  2. Chez certains patients, le besoin de doses d’insuline plus élevées était lié à un poids supérieur et un facteur appelé la résistance à l’insuline, bien connu chez les patients vivant avec le  diabète de type 2, mais qui peut aussi être observé chez certains patients vivant avec le diabète de type 1.
  3. En effet, chez les patients avec le diabète de type 2, des doses d’insuline plus élevées étaient associées à de plus faibles taux de cholestérol-HDL (bon cholestérol) et un poids, une tension artérielle et des taux de triglycérides supérieurs.
  4. Ce phénomène était plus fréquemment observé chez les hommes que chez les femmes vivant avec le  diabète de type 1. Il était aussi plus fréquemment observé chez les patients qui prenaient beaucoup de poids au cours des années.

Conclusion :

Selon ce rapport et d’autres de l’étude DCCT/EDIC, une prise de poids excessive, qui se traduit par de plus grands besoins en insuline, pourrait réduire certains des avantages importants du traitement intensif.

Le risque de prise de poids excessive peut même être plus grand chez les personnes avec le diabète de  type 1 puisque la consommation de calories n’est pas toujours optionnelle (p. ex., traitement d’une hypoglycémie) et l’activité physique peut exiger beaucoup de planification et d’ajustements au niveau des doses d’insuline. Les recherches visant à limiter ou à réduire la prise de poids sont rares et représentent clairement un besoin non satisfait dans le contexte du diabète de type 1.

D’autres aspects liés au mode de vie pour réduire les risques de MCV comme cesser de fumer et améliorer la qualité des aliments (fruits et légumes, faible en sel, etc.) sont efficaces dans l’ensemble de la population et sont probablement aussi pertinents pour les personnes avec le diabète de type 1.

Références :

1-Lee SI, Patel M, Jones CM, Narendran P. Cardiovascular disease and type 1 diabetes: prevalence, prediction and management in an ageing population. Therapeutic advances in chronic disease. 2015;6(6):347-374. doi:10.1177/2040622315598502

2-Muis MJ, Bots ML, Grobbee DE, Stolk RP. Insulin treatment and cardiovascular disease; friend or foe? a point of view. Diabetic medicine. 2005;22(2):118-126.

3- Braffett BH, Dagogo-Jack S, Bebu I, et al. Association of insulin dose, cardiometabolic risk factors, and cardiovascular disease in type 1 diabetes during 30 years of follow-up in the dcct/edic study. Diabetes care. 2019;2019 Feb 06. doi:10.2337/dc18-1574

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