La régulation du taux de sucre dans le sang (glycémie) est un phénomène complexe. En tout, cinq hormones, dont l’insuline et le glucagon, sont requises pour maintenir l’équilibre glycémique . L’insuline est sécrétée par le pancréas et permet de faire baisser la glycémie. À l’inverse, le glucagon, qui provient également du pancréas, permet de libérer les réserves de glucose des muscles et du foie afin d’augmenter la glycémie si celle-ci descend, par exemple lorsque nous dormons, ou faisons de l’activité physique.
L’insuline et le glucagon ont un rôle complémentaire qui permet de maintenir la glycémie dans des valeurs normales. Elles sont régulées par ce que nous mangeons, mais aussi par certains facteurs de stress physique, tels que le jeûne, l’exercice, l’anxiété et la maladie. En fonction de ces facteurs, leur sécrétion peut donc être augmentée ou diminuée.
En présence de diabète de type 1 (DT1), les cellules bêta du pancréas qui produisent l’insuline situées dans le pancréas, sont détruites par le système immunitaire. Mais quel est l’impact du DT1 sur la sécrétion du glucagon?
Manque ou excès: la sécrétion anormale du glucagon
En cas de DT1, le pancréas ne parvient pas à contrebalancer l’effet de l’insuline administrée en trop grande quantité, et ne libère donc pas suffisamment de glucagon pour éviter l’hypoglycémie. Cette incapacité du pancréas à sécréter suffisamment de glucagon augmente donc considérablement le risque de survenue d’une hypoglycémie sévère (incapacité à corriger soi-même l’hypoglycémie, voire perte de connaissance).
À l’inverse, la production de glucagon peut aussi être trop élevée. C’est ce qui se produit après un repas, par exemple, où la présence de glucagon en trop grande quantité amplifie l’hyperglycémie.
Le corps ne produit donc pas assez de glucagon lorsque la personne en a besoin, et trop lorsque ce n’est pas nécessaire. Ceci illustre la complexité de la gestion de la glycémie dans le DT1.
L’origine du problème
Les cellules alpha du pancréas, qui produisent le glucagon, ne sont pas attaquées par le système immunitaire comme le sont les cellules bêta, productrices d’insuline. Cependant, la régulation de la sécrétion du glucagon est liée aux cellules bêta. Le dysfonctionnement de ces dernières et de la production locale d’insuline dans le pancréas, entraîne ainsi des diminutions et des augmentations inappropriées de la production du glucagon.
À la recherche de solutions
Il existe des médicaments habituellement utilisés dans le diabète de type 2 qui diminuent soit la sécrétion de glucagon après le repas, tels que les inhibiteurs du DPP-4 (p.ex. Januvia, Onglyza), ou la libération induite par le glucagon, des réserves de glucose dans le foie tels que les biguanides (p.ex. Metformine). Ces médicaments ne sont pas approuvés pour le DT1, mais sont parfois prescrits «hors-indications». Des études sont en cours pour évaluer si ces médicaments aident la gestion de la glycémie chez les personnes vivant avec le DT1.
En revanche, il n’existe pour l’instant aucune médication pour compenser l’absence de sécrétion du glucagon lorsque la glycémie baisse, sauf le glucagon nasal ou injectable qui sont des médicaments d’urgence et qui doivent être administrés par une autre personne en cas d’hypoglycémie sévère. Des recherches sont en cours pour développer un mini dosage de glucagon sous forme de stylo (comme un stylo à insuline, mais contenant du glucagon) que la personne pourrait s’administrer en petite quantité en cas de risque imminent d’hypoglycémie. Des pompes à insuline contenant à la fois insuline et glucagon (doubles hormones) sont également en développement.
D’autres pistes de solutions indirectes sont également à l’étude comme la possibilité de réaliser un exercice physique de haute intensité ou de consommer certains acides aminés (via les protéines) pour augmenter la sécrétion du glucagon pour contrer la baisse de la glycémie.
Vaincre le manque de glucagon lorsque la glycémie baisse semble donc être la clef pour améliorer encore davantage la gestion de la glycémie et diminuer les hypoglycémies chez les personnes vivant avec le DT1.
Références:
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Diabetes in control, «How Glucagon Impacts Type 1 Diabetes and Vice Versa», consulté le 21 octobre 2021, https://www.diabetesincontrol.com/how-glucagon-impacts-type-1-diabetes-and-vice-versa/
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Castle, Jessica R et al. “Factors influencing the effectiveness of glucagon for preventing hypoglycemia.” Journal of diabetes science and technology vol. 4,6 1305-10. 1 Nov. 2010, doi:10.1177/193229681000400603
- Chung, Stephanie T, and Morey W Haymond. “Minimizing morbidity of hypoglycemia in diabetes: a review of mini-dose glucagon.” Journal of diabetes science and technology vol. 9,1 (2015): 44-51. doi:10.1177/1932296814547518